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L’IMPORTANCE DU SOUTIEN MENTAL AU RETOUR D’UNE BLESSURE SPORTIVE


« Il n’est pas honteux de demander de l’aide ! »

Les blessures font partie du sport. En fait, 90 % des jeunes sportifs subiraient des blessures liées au sport dans leur vie (!). Être blessé est un phénomène courant et la plupart des athlètes connaissent les différents protocoles de soin, y compris le processus Repos, Glace, Compression, Elévation (RICE), l’accompagnement contre la douleur, la rééducation et parfois même la réathlétisation.

Mais combien d’athlètes et leur entourage (parents, entraîneurs, kinés…) savent comment travailler la « récupération mentale » ?

Lorsque de jeunes sportifs subissent des blessures plus ou moins graves, mettant parfois fin à leur saison, le chemin du rétablissement implique à la fois la reconstruction physique et mentale ! Pourtant un seul aspect de la reprise retient généralement l’attention. Et c’est peut-être quelque chose qu’il faut apprendre à changer.

La blessure

Dans le cas d’une intervention chirurgicale majeure on se sent parfois mis à l’écart pendant une grande partie de la saison… et stopper son activité plusieurs mois parait logiquement bien plus traumatisant qu’une entorse à la cheville ou qu’une petite déchirure à l’ischio.

Or l’athlète a tendance à penser que le processus de retour à la compétition sera similaire à ceux déjà vécus lors de précédentes blessures, sans avoir d’idée sur l’impact réel qu’une telle opération pourrait avoir au fil du temps sur sa vie en général.

Lorsque les chirurgiens libèrent le sportif pour qu’il rentre de l’hôpital, ils laissent des instructions détaillées des soins portant sur la gestion de la douleur, les pansements, les béquilles, la rééducation à la marche, etc. Pourtant, personne n’anticipe d’éventuelle perte d’identité, d’excès de colère, d’anxiété ou même de dépression. Ainsi, lorsque des problèmes de santé mentale surviennent, le jeune ne sait pas quoi faire ni vers qui se tourner.

Anticiper

Lorsque les athlètes subissent une blessure plus ou moins grave, le retour à la compétition est souvent long et demande beaucoup de travail. Il n’y a pas seulement la rééducation physique qui doit être prise en compte, mais aussi les nombreuses pressions externes qui s’exercent sur l’athlète.

Sans être sur le terrain, les athlètes peuvent se sentir éloignés de l’équipe et sentir un isolement social. Il peut aussi y avoir une pression pour revenir le plus rapidement possible, que ce soit de la part des entraîneurs ou des parents ou bien d’autres joueurs. La peur de se blesser à nouveau ou de ne pas performer au même niveau qu’avant peut aussi apparaitre chez l’athlète. Et puis de nombreux athlètes subissent une perturbation psycho-sociale directement liée au fait qu’ils ne pratiquent plus activement un sport pourtant au cœur de leur identité (1).

En plus de tout cela, les jeunes sportifs doivent gérer leur charge de cours, se présenter aux entraînements individuels, rester attentifs aux exercices de rééducation et respecter les rendez-vous chez le médecin ou le kiné. La pression et le manque de temps peuvent s’accumuler rapidement.

Une partie du problème

Etre un athlète performant requiert une force mentale indéniable. Repousser ses limites et l’entretenir sur la durée. La culture du résultat est essentiellement basée sur la force, la ténacité, le courage. La moitié des étudiants Américains ont par exemple déclaré avoir déjà dû jouer alors qu’ils étaient blessés !

Il existe une différence marquée entre les étudiants-athlètes et le reste du corps étudiant en ce qui concerne les problèmes de santé mentale. Près de 33% des étudiants présentent des symptômes significatifs de problèmes de santé mentale, et parmi eux, 30% demandent de l’aide. Cependant, lorsqu’il s’agit d’étudiants-athlètes, le nombre de personnes qui demandent de l’aide tombe à 10 %. Cela signifie que de nombreux athlètes souffrent en silence (2) !

Le combat

L’athlète devient souvent obsédé par son retour au jeu. Il sait qu’il doit travailler dur pour réussir sa rééducation ET son année scolaire. Chaque jour est un combat. Repousser la douleur pour rejouer au plus vite pour son équipe, avec parfois la honte d’un corps transformé ou hors de forme. Il y a aussi la peur que le membre opéré ne récupère jamais vraiment totalement. C’est tout le sens de la vie qui est parfois remise en question, dans une regrettable solitude.

Ne pas paraître faible. Serrer les dents. S’accrocher. Relativiser. Rester positif. Du coup il faut bien souvent devoir faire face à des complications, des retards, des situations désespérées avant d’oser enfin avouer et demander de l’aide.

L’attention aux autres

Que l’on soit joueur du club, coéquipier, entraîneur, kiné ou parent, il y a des choses qui doivent nous alerter lorsque l’athlète que l’on côtoie tente de se remettre d’une blessure. Il est important d’être conscient que la récupération n’est pas seulement un processus physique et que c’est aussi une rencontre avec l’échec.

Il convient donc de garder un œil sur :

  • Le manque de motivation
  • Le désengagement
  • L’altération de l’appétit
  • Les sautes d’humeur
  • La tristesse
  • La colère excessive
  • Le manque de confiance
  • L’exagération du sentiment d’échec
  • L’anxiété accrue

Ces changements ne sont pas toujours faciles à repérer. Les différences de comportement peuvent être très subtiles et difficiles à différencier d’une lutte contre la gestion du temps ou la pression scolaire. Comme déjà mentionné, la culture de la performance consiste à se montrer dur et à ne laisser paraitre aucune faiblesse. Les athlètes peuvent donc essayer de masquer qu’ils sont en difficulté.

La guérison

Tout d’abord, en tant qu’athlète, sachez qu’il est normal de demander de l’aide. Cela ne vous rend pas faible ; en fait, cela vous rend incroyablement fort. Se remettre d’une blessure est un processus épuisant, mais la mise en place d’un système de soutien moral le rend plus supportable.

Si vous êtes un entraîneur ou un parent, il peut parfois être utile d’autoriser l’athlète à demander de l’aide avant que quelque chose ne vous semble étrange. Faites savoir aux athlètes que tout est normal dans leur cas et aidez-les à trouver les personnes susceptibles de les accompagner. Une ressource adaptée peut simplement s’avérer être un adulte de confiance, ou bien un thérapeute ou encore un préparateur mental.

Le rétablissement

Après coup, la période de blessure est souvent décrite par le sportif comme le moment les plus pénible de sa vie. Pourtant, alors que la reconstruction physique commence presque tout de suite, le soutien mental ne commence que des semaines plus tard, lorsque l’athlète est déjà en souffrance.

Le rétablissement est toujours un long parcours, mais la blessure physique est souvent guérie bien avant l’esprit. Peut-être faut-il annoncer dès le départ à l’athlète : « Écoute, ça va être difficile. Tout le monde vit à peu près ça avec ce type de blessure, et ce serait bien d’admettre rapidement que tu rencontres des difficultés et de demander de l’aide si c’est le cas. C’est loin d’être une honte et ça ira certainement mieux plus rapidement. » (3)

Sources :

  • Charli Elliott, Stack.com, le 17-08-21
  • Robin Kuik, UT MSSW & MPH Candidate 2019 and Suzanne Potts, LMSW, MPH
  • Real Pod, podcast de Victoria Garrick, USA volley-ball D1 féminine et spécialiste santé mentale

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