
L’article paru cette année sur « The Coaches Site » : « Coaching the Individual in a Chaotic System – Inclusion, Adaptability, and Athlete-Centred Design » conclut une série très intéressante consacrée à l’enseignement dans des environnements sportifs marqués par l’imprévu et la complexité. L’auteur, Barry Jones, insiste sur une idée centrale :
on ne coach pas un athlète idéal, mais la personne réelle que l’on a devant soi.
Les limites du coaching traditionnel
Les méthodes classiques d’entraînement, centrées sur des exercices standards, s’avèrent rapidement inadaptées dès qu’il s’agit de travailler avec des groupes hétérogènes, et elles sont parfois même totalement inopérantes pour :
- des athlètes en situation de handicap (para-hockey),
- des sportifs neuroatypiques,
- ou encore des équipes aux niveaux d’expérience très disparates (comme une équipe féminine avec des joueuses débutantes et d’autres expérimentées).
Dans ces contextes, les exercices traditionnels excluent une partie du groupe, ne profitant qu’à ceux qui « rentrent dans le moule ».
L’apport de l’approche écologique
L’auteur défend le modèle des dynamiques écologiques, qui repose sur l’interaction entre trois éléments :
- L’athlète : avec ses forces, ses limites et sa manière d’apprendre.
- L’environnement : modulable pour soutenir, challenger et stimuler.
- La tâche : qui doit générer un apprentissage par l’action significative.
Dans ce cadre, on ne force pas l’athlète à s’adapter à des exercices figés, on conçoit plutôt un environnement qui s’adapte à lui.
Trois cas concrets
- Para-hockey : plutôt que de chercher à imposer des schémas impossibles à certains joueurs, l’entraîneur a conçu de petits jeux adaptés, axés sur la prise d’angles, le placement de la crosse et la communication. Résultat : les joueurs ne se sentaient plus « accommodés » mais pleinement impliqués.
- Athlètes neurodivergents : l’entraînement a été repensé pour limiter la surcharge verbale, favoriser les indices visuels et l’apprentissage par l’expérience. Le jeu est devenu le vecteur principal d’enseignement, permettant aux joueurs de s’intégrer et de s’épanouir tout en enrichissant l’adaptabilité de l’ensemble de l’équipe.
- Équipe féminine hétérogène : au lieu de diviser le groupe selon les niveaux, l’entraîneur a conçu des jeux qui offraient des défis adaptés à chaque profil, permettant à toutes de progresser dans un cadre commun, stimulant et inclusif.
Une vision du coaching inclusif
Le texte insiste sur le fait que l’inclusion ne signifie pas baisser les exigences, mais supprimer les obstacles inutiles et concevoir des expériences d’apprentissage de qualité pour tous. L’adaptabilité et la diversité sont perçues non comme des freins, mais comme des moteurs de progression collective.
Conclusion
L’approche écologique permet :
- de développer l’intelligence de jeu (Hockey IQ) via la relation perception–action,
- de former à la prise de décision plutôt qu’à la simple exécution,
- de renforcer la capacité d’adaptation,
- et d’intégrer chaque athlète sans sacrifier la qualité de l’entraînement.
En définitive, « coacher dans le chaos » revient à créer des environnements où chaque joueur peut apprendre, décider, et trouver sa place.