« ZOO VS JUNGLE TIGERS » : DEUX METAPHORES, UNE MEME PHILOSOPHIE D’ENTRAINEMENT !
Chose amusante, 2 articles sur les méthodes d’entrainement sont parus de 2 auteurs différents, de 2 sports différents, à 1 an d’intervalle aux Etats-Unis utilisant la même métaphore : Le tigre de zoo vs Le tigre de Jungle ! Certes l’utilisation de l’I.A. n’est peut-être pas totalement étrangère à cette apparente coïncidence, mais les 2 contenus argumentés arrivent aux mêmes conclusions = Le sport ne se gagne pas dans la propreté du zoo, mais dans la complexité de la jungle.
Les auteurs
- Greg Revak –Hockey sur glace- article du 17/11/2024 sur « Hockey IQ »
→ Met l’accent sur la préparation réaliste et la pédagogie par le problème, notamment pour les gardiens de but. - Nabil Murad –Basketball- article du 8/11/2015 sur « The Youth Playbook »
→ Défend la valeur des pratiques “désordonnées” comme moteur d’apprentissage profond, d’adaptabilité et d’autonomie.
Malgré les différences de sport, les deux auteurs partagent une même thèse centrale :
Former des athlètes efficaces en compétition exige des entraînements qui reproduisent la complexité et l’imprévisibilité du jeu réel (la “jungle”) plutôt que la sécurité artificielle du “zoo” illustrant les exercices traditionnels ordonnés, même « chorégraphiés » souvent.
1. Une métaphore commune : le zoo et la jungle
| Image | Zoo Tiger | Jungle Tiger |
| Environnement | Contrôlé, stable, rassurant | Instable, incertain, exigeant |
| Type d’apprentissage | Répétition, automatisme | Adaptation, prise de décision |
| Résultat | Joueur “propre” mais dépendant | Joueur imparfait mais autonome |
| Objectif du coach | Contrôler et corriger | Stimuler et guider |
Pour Revak comme pour Murad, la performance réelle se développe dans le désordre, pas dans le confort.
2. La critique des entraînements « propres »
Les deux textes dénoncent le piège du contrôle excessif :
- Revak précise que des entraînements trop “propres” font des joueurs certes techniques mais prévisibles, mal préparés à l’incertitude du jeu.
- Murad observe que les séances “parfaites” créent une illusion d’efficacité. Les joueurs semblent compétents, mais leur apprentissage est superficiel et non transférable.
Dans les deux cas les entraînements qui “semblent bons” ne sont pas forcément ceux qui “forment bien”.
3. Le rôle de l’erreur et de la difficulté
Les auteurs valorisent l’erreur comme outil d’apprentissage :
- Revak parle de “coaches who present problems, not just solutions” : le joueur apprend en résolvant des situations réelles.
- Murad s’appuie sur la notion scientifique de “desirable difficulty” (Make It Stick, The Talent Code) → L’apprentissage durable naît de la lutte, de la variabilité et du désordre contrôlé.
Ainsi, la difficulté n’est pas un obstacle, mais une condition du progrès.
4. Application concrète : hockey vs. basketball
Greg Revak
Met l’accent sur les gardiens de but et la finesse des détails pratiques :
- tirs réalistes et variés,
- gestion des rebonds,
- limitation de la surcharge (prévention des blessures),
- moments de réflexion et récupération cognitive.
Son approche relie la pédagogie du réalisme à la protection de la santé et à la qualité de l’attention.
Nabil Murad
Adopte une vision systémique du collectif :
- pratiques “messy” (chaotiques mais représentatives),
- prise de décision, transitions, fatigue, pression du score,
- rôle du coach comme guide et facilitateur plutôt que “chef d’orchestre”.
Son approche relie la neuroscience de l’apprentissage à la formation du joueur intelligent et autonome.
5. Le rôle redéfini du coach
| Chez Revak | Chez Murad |
| Le coach est un créateur de problèmes réalistes | Le coach guide, questionne et accompagne la lutte |
| Valorise le feedback réfléchi partagé | Valorise le questionnement et la responsabilisation |
| Structure moins “mécanique”, plus “écologique” | Pratiques moins “propres”, plus “représentatives” |
Les deux s’opposent à une posture autoritaire ou dirigiste :
Le coach doit libérer plutôt que contrôler, provoquer plutôt qu’imposer.
6. Enjeux communs et portée éducative
| Enjeu | Apport des auteurs |
| Autonomie | Former des joueurs capables de lire et agir seuls. |
| Résilience | Habituer les athlètes à l’incertitude, à la fatigue et à l’échec. |
| Authenticité | Entraîner dans des contextes proches du match réel. |
| Bien-être | Prévenir la surcharge physique (Revak) et mentale (Murad). |
| Apprentissage durable | Favoriser la réflexion, la variabilité et la difficulté utile. |
Les deux textes dépassent le cadre sportif : ils proposent une philosophie éducative fondée sur l’apprentissage expérientiel, adaptatif et réfléchi.
7. Synthèse : deux voies, un même horizon
| Point communs majeurs | Différences notables |
| – Valorisation du chaos constructif – Apprentissage par la difficulté – Coach = guide, non contrôleur – Importance du réalisme du jeu – Objectif : autonomie et adaptabilité | – Revak : approche micro car axée sur l’exemple de la technique et la sécurité des gardiens. – Murad : approche macro, axée sur la pédagogie et la psychologie collective. |
En somme Revak construit la “jungle” dans ces séances pour la précision et la prévention.
Murad la construit pour la cognition et l’autonomie.
Mais tous deux veulent remplacer la performance apparente par la compétence réelle.
Conclusion générale
Les deux auteurs convergent vers une même conviction :
C’est dans le désordre maîtrisé, l’erreur analysée et la liberté encadrée que se forgent les joueurs les plus complets et, plus largement, les apprenants les plus capables !